En cet après-midi pluvieux nous sommes rassemblés dans la nécropole nationale de Pierrepont pour rendre un dernier hommage à Charles Henri LAVOCAT, poilu ‘’Mort pour la France’’ en 1914.
Le tertre de la nécropole se situe au lieu-dit du ‘’Tremble’’ face à la vallée de la Crusnes. Cette terre de mémoire et de souvenir comporte au total 3758 sépultures.
À la suite de la Grande Guerre de 1914/1918 on compte 703 tombes françaises, 141 tombes belges, 2 tombes britanniques, 493 tombes russes et 1 tombe roumaine. Il y a aussi deux ossuaires où reposent 2742 français. Cela fait suite aux combats dits ‘’batailles des frontières et/ou des vallées de la Crusnes et de la Chiers’’ (21-25 août 1914) et de ‘’la bataille de Pierrepont/Bazailles’’ (22 août de la même année.) De 1920 à 1924, de nombreux corps de tombes et ossuaires des cimetières militaires provisoires et désaffectés de la région au sud de Longwy et la Crusnes en Meurthe-et-Moselle et de la Spincourt, l’Othain, Loison en Meuse ont été rapatriés. À la suite de la guerre de 1939/1945, ce sont 20 tombes françaises, 55 tombes soviétiques et 1 tombe tchèque qui seront creusées. Certains corps identifiés seront néanmoins rendus aux familles. La nécropole est surmontée d’une ‘’lanterne des Morts’’ de 30 mètres de haut qui se trouve être l’ancienne cheminée de la manufacture drapière de Pierrepont.
La cérémonie est placée sous la présidence de monsieur le Sous-préfet de Briey monsieur Richard-Daniel Boisson. On note la présence du directeur départemental de l’Office Départemental des Anciens Combattants (ONaCVG) monsieur Alain Perello, du délégué militaire départemental adjoint le lieutenant-colonel Michel Bouteloup, du chef de corps du CENZUB-94 RI, le lieutenant-colonel Blanquefort, des autorités civiles locales ceintes de leur écharpe, ainsi que du président départemental de l’AMCVG Albert Ladame. Les enfants des écoles participent aussi au milieu de la foule qui se presse. Une cinquantaine de drapeaux d’associations d’anciens combattants parmi lesquels ceux de sections de l’AMCVG du Pays haut, de la région de Nancy et celui départemental font une haie d’honneur. Le micro est tenu par le maître de cérémonie, madame Nathalie Naville, adjointe du directeur de l’ONaCVG.
Un détachement du Centre d’Entrainement aux Actions en Zone Urbaine-94ème Régiment d’Infanterie de Sissonnes dans l’Aisne présente les armes. Le commandant en second du CENZUB-94ème RI rend les honneurs au drapeau du régiment et salue sa garde et la troupe au garde à vous au son de ‘’la Nouba’’ du 1er Régiment de Tirailleurs d’Épinal en tenue traditionnelle. Le cercueil porté par quatre soldats est déposé devant le mat où flottent au vent nos trois couleurs nationales.
Après l’allocution de monsieur le Sous-préfet, le maître de cérémonie fait l’historique du héros du jour :
« Charles Henri LAVOCAT, naissait le 28 août 18836 à Naives-devant-Bar. En 1902, Charles décide de rejoindre les rangs de l’armée et s’engage pour 3 ans au 94ème RI. Il est promu premières classe en 1904, puis au terme de ses 3 années, il passe dans la réserve active. Nous sommes donc en 1905. 9 ans plus tard, le 1er août 1914, il est rappelé sous les drapeaux au 154ème RI, la première guerre mondiale venait de commencer. Charles sera porté disparu à compter du 22 août 1914 à Spincourt. Son corps ne sera pas retrouvé et sa date de décès sera ‘’fixée’’ à la date de sa disparition.
103 ans plus tard, le petit village de Spincourt décide de créer un lotissement et effectue des fouilles préventives s’attendant à trouver des vestiges gallo-romains. Surprise de taille, lors des premiers sondages les équipes découvrent ce qui semble être un cimetière provisoire de la première guerre mondiale. Après quelques vérifications historiques, ils découvrent qu’ils sont sur l’emplacement d’un cimetière de regroupement datant de 1919… Charles fait partie des soldats identifiés grâce à sa plaque d’identité. Sa famille est recherchée et avertie…Nous sommes en 2019, c’est le début d’une grande aventure pour la famille Lavocat… ils effectuent une vérification ADN. Elle confirmera la filiation. Charles n’est donc plus un des disparus de la première guerre mondiale.. Quelques années passent ! … Aujourd’hui, un oublié a été honoré même après 109 ans. Il manque encore environ 80 000 portés disparus lors de la terrible bataille de Verdun. »
Minute de recueillement.
Le cercueil est alors porté vers son emplacement définitif. La foule se rassemble. Des gerbes sont déposées. Les enfants des écoles, à leur tour viennent déposer une fleur et une bougie de souvenir. ‘’ AUX MORTS’’. Les autorités s’inclinent, un dernier salut et la terre de Lorraine vient sceller définitivement la sépulture.
Les honneurs sont rendus au drapeau. Une dernière sonnerie. La cérémonie s’achève. Il n’a pas cessé de pleuvoir ajoutant à la tristesse de cet après-midi. La foule se disperse ensuite.
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